Bain glacé et nez bouché 🥳
Dans le sillage de la méditation et du yoga, les bains glacés émergent comme une nouvelle tendance bien-être, popularisés par Wim Hof, ce Néerlandais fantasque. So cool ! les bains glacés qu’ils ont même droit à leur p’tit nom anglais ; les cold plunges.
Le concept ? S’immerger tel un Jedi en slip de bain dans une eau glacée pendant quelques minutes et parvenir à maîtriser son esprit pour ne plus ressentir le froid.
La méthode permettrait d’augmenter la libération d’adrénaline, de réduire les niveaux d’inflammation musculaire et de favoriser la récupération physique. Mais elle n’est pas sans risques ; engelures, noyade, accidents cardiovasculaires…
N’empêche, du côté d’Annecy, on n’a pas attendu de découvrir Wim Hof sur Netflix pour barboter dans l’eau froide ! Avec plus ou moins de conviction…
Je vous raconte.
Tout a débuté par un selfie de mes pieds. Comment appelle-t-on ça, d’ailleurs ? Une podographie ? Un… footsie ? Peu importe, c'est une photo de mes pieds dans l’eau glacée que j’ai envoyée ce samedi à mes deux acolytes ; un chef-d'œuvre d'enthousiasme subaquatique pour leur proposer d’ouvrir dès le lendemain, la saison 2024 des ploufs dans le lac.
Charmant CEO m’a fait remarquer que l’eau flirtait encore avec les 10 degrés.
— T’es sûre de toi ? m’a-t-il lancé, sceptique.
— Bah carrément.
— Hum… C’est vrai que la grippe de l’an dernier était une riche idée.
— Aucun rapport.
— Permets-moi d’émettre quelques réserves.
— À quel sujet ?
— Laisse tomber, Chou. J’attends de voir.
Faisant fi de ses sarcasmes, j’ouvre un conciliabule WhatsAppesque avec mes deux copines afin de déterminer le matériel le plus adapté à cette première séance en eau pas chaude. Conclusion : « On prend tout et on verra sur place » (Vous avez dit efficacité ?).
Rendez-vous est pris le lendemain sur la plage déserte. Derrière nous, la montagne, devant nous, la flotte. Quelques canards glissent sur les eaux turquoises. Je crois bien qu’ils nous narguent.
— Visiblement, ils n’ont pas froid, dis-je comme pour nous rassurer.
L’une me fait remarquer que le duvet des canards n’est pas comparable à nos peaux délicates d’élégantes quarantenaires. L’autre grimace après avoir trempé sa main ; ce sera sans elle. À mon tour, je plonge ma main dans l’onde bleue.
— Booaaarrrffff… en combi, ça l’fait.
Ça motive la première qui teste aussi le fond de l’eau.
— T’es sûre ?
— Ouais ! Je dis pas qu’on va nager des heures, hein, mais on peut barboter un peu. Ce sera un bon début ! lancé-je avec assurance.
— Non mais vous allez vraiment y aller ?
— Mais oui ! Ça va nous donner la pêche !
— Ou une pneumonie…
— Meuhhhh non, rétorquè-je ; pense aux bienfaits du froid ! Son effet sur les migraines, le sommeil, les douleurs…
Bref, on cause, on débat, on discute, on palabre. Ira ? Ira pas ?
Alors que je me réjouis intérieurement de ne pas m’être trouvée à bord du Titanic avec ces deux-là, une petite dame passe devant nous, emmitouflée dans une grosse doudoune. Elle avance, le dos légèrement courbé par les années. Arrivée à notre hauteur, elle dépose ses affaires, puis sans l’ombre d’une hésitation, envoie valser doudoune et jogging, sort son peignoir de bain et un thermos avant de se diriger d’un pas décidé sur le ponton, dans un joli maillot de bain bleu gansé de blanc. Sans faiblir, elle empoigne l’échelle et se laisse glisser dans l’eau. Après quatre brasses, elle nous sourit. Polies, nous lui rendons son sourire.
— Crâneuse…
— Carrément.
— Ok boomeuse !
Nous décidons alors de sauver notre dignité. Bonnet de bain tiré sur les oreilles et dents serrées, nous entrons dans l’eau. À partir de là, ce sera chacune pour soi et Wim Hof pour toutes !
Plus tard, Charmant CEO m’apporte une tisane de thym et une boîte de mouchoirs.
Comment ça, j’ai le nez qui coule ?