De Amicitia

Rassurez-vous, je ne vais pas vous infliger une analyse du texte de Cicéron ; j’ai assez saigné sur mes versions latines à l’époque. Mais, comme pour notre philosophe, l’amitié est pour moi une valeur cardinale, une étoile polaire à travers le tumulte de la vie...

Oui, l’amitié, la vraie, celle qui survit aux caprices du temps, aux silences prolongés et même aux dossiers des années 90, c’est une des rares choses auxquelles je tiens avec une ferveur presque sacrée. Ce genre de lien qu’on ne forge qu’à coups de confidences, de fous rires hystériques, de marches d’automne, de voiture plantée dans un fossé par un beau soir d’été (je vous raconterai ça à l’occasion), de private jokes qui ne font rire qu’une poignée d’énergumènes… et cette alchimie inexplicable qui fait que, même après des années, on a toujours l’impression de s’être quitté la veille.

Parfois, au détour d’un message, cette magie de l’amitié resurgit. La semaine dernière, après avoir publié ma Petite Chronique du Vendredi, j’ai reçu un texto d’une complice des années collège. Un message simple, mais si puissant qu’il m’a fait sourire, et même rougir.

Cocotte, cette chronique est pour toi ! (cœur avec les doigts).

J’en avais déjà parlé dans une précédente chronique (C’est si bon, pour les retardataires), mais l’amitié, pour moi, c’est bien plus qu’un mot. C’est un refuge, un phare dans la tempête, une force tranquille. Alors imaginez ma surprise, mon émoi, quand ce message est arrivé, tel un arc-en-ciel numérique, une pluie de compliments et un tsunami de bienveillance. Comme si quelqu’un avait versé du champagne dans ma tasse de chicorée : joyeusement pétillant.

À travers tes mots, j’ai senti ton sourire, celui qui semble murmurer : "Vas-y, fonce, la vie est courte !"

Si je devais décrire une amitié qui a traversé le tunnel sous la Manche, l’élection de Jacques Chirac, la folie des 2be3, la mort de Lady Di, le passage à l’euro, les attentats du 11 septembre, et maintenant la quarantaine (avec quelques autres catastrophes en prime), je dirais que c’est un peu comme une vieille casserole. Elle a pris quelques bosses, elle a connu des feux un peu trop vifs, mais c’est toujours celle qui ne colle jamais.

Oui, je compare mes amies d’enfance à une bonne vieille batterie de casseroles en cuivre. Ah bah… on n’est pas née poète ! Mais, n’y voyez pas là une insulte ; même dans les plus grandes cuisines, les trésors en cuivre patiné sont précieux !

Alors merci. Merci pour ce message si simple, qui a réussi à assouplir quelque peu mon syndrome de l’imposteur. Merci pour ton indéfectible soutien, même quand mes blagues tombent à plat ou que mes chroniques s’égarent dans l’absurde. Merci d’être là, tout court. Même au-delà de l’A6.

Et puisqu’il semblerait qu’aujourd’hui je ne sois que guimauve et pétards de joie, merci aussi à ceux qui, plus récents dans mon chemin, apportent déjà leur part de complicité et de bienveillance, avec l’espoir que le temps fasse le reste !

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