La dissolution de l’Assemblée nationale expliquée à mon fils 🐥
Il était une fois, dans notre beau pays de France, un grand château à la façade ornée de colonnes grecques et d’un frontispice marqué par le temps et la pollution, se dressant fièrement entre le quai d’Orsay et la rue de l’Université. Ce château, c’est le Palais Bourbon.
À l'intérieur, il y a plein de messieurs et un peu - mais pas trop, faut pas charrier - de dames qui discutent et se chamaillent sur à peu près tous les sujets. C’est un peu comme une cour de récréation géante avec des adultes en costume et mocassins (ou pas, d’ailleurs… Ce qui fait hurler Mamie, mais ce n’est pas l’objet de notre propos).
Ces adultes, on les appelle les députés. Leur travail, c’est de décider des règles du pays. On va dire qu’ils font partie de l’équipe « Pouvoir législatif ». Ce sont eux qui écrivent et votent les lois. Comme la loi qui oblige les enfants à manger des épinards une fois par semaine ? Voilà. Exactement, Mini-CEO.
À côté d’eux, il y a un personnage très important : le Président de la République. Il habite dans un autre grand château qu’on appelle le Palais de l’Élysée. Non, il n’est pas le roi même si ça y ressemble pas mal. Note, Mini-CEO, que quand je dis qu’il est à côté des députés, c’est un peu comme Papa et Maman : ils sont côte à côte, mais Maman est un peu au-dessus quand même, tu vois ?
Le Président de la République, c’est le chef de la France. Et avec son gouvernement, il forme l’équipe « Pouvoir exécutif ». Son boulot, c’est d’essayer de faire appliquer les lois votées par l’équipe « Pouvoir législatif » et de s’occuper de la gestion du pays. Oui, celle-là même qui fait dire à Maman tout plein de noms d’oiseaux, comme quand ta chambre ressemble à Tchernobyl. Tu comprends vite, Mini-CEO.
Reprenons. Dimanche soir, ce qu’il s’est passé, c’est que le Président de la République s’est mis à bouder sévère. Peut-être qu'il s’est réveillé de la sieste super grognon ou peut-être qu'il avait avalé trop de couleuvres au goûter. Va savoir… Toujours est-il qu’il en avait gros. Il s’est dit : « Les Français ne comprennent rien à rien et puis tout le monde m’énerve ! Vous ne m’aimez pas ? Je m’en fiche, na ! Je vous déteste tous ! Re-na ! ».
Et pour bien nous faire comprendre qu’il était en colère, il a décidé de faire quelque chose de spécial dont on ignore encore si ça relève du fin stratège politique ou de l’enfant gâté qui tape du pied ; il a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. En gros, il a appuyé sur un gros bouton rouge et en un instant : « Pouf » ! tous les députés ont disparu dans un nuage de confettis. De compote ?... Si tu veux.
Alors d’un coup, le Palais Bourbon est devenu bien silencieux. Oui, ça ne devait pas trop moufter non plus dans les couloirs du Palais de l’ Élysée, ça, je te l’accorde.
Bien sûr, c’est imagé. En vrai, il n'y a pas de bouton rouge. En vrai, il est allé devant les caméras de télévision et il a dit : « Puisque vous me courez tous sur le haricot, je dissous l’Assemblée et je m’en vais manger des knacki. Et d’abord, c’est moi le chef !».
Voilà où nous en sommes… Nous allons devoir élire de nouveaux députés ou réélire ceux que nous avions déjà élus en 2022. Même s’ils sont plein de compote ou de confettis. Pourquoi ? Eh bien parce que sinon, ce n’est plus une démocratie mais une dictature, et ça, c’est pas top à ce qu’il paraît. Que ce serait pas très bon pour les libertés et les droits fondamentaux... Mais c’est une autre histoire.
Bref, de nouvelles élections donc, pour avoir des députés tout beaux tout frais ou pour retrouver les anciens.
En tout cas, ce que je peux te dire, Mini-CEO, c’est que neufs ou reconditionnés, ils auront tous des idées plus ou moins moisies… Comment ? Charmant CEO a quelque chose à redire à mes explications ? Hum… Bien sûr que je reste neutre ! L’autre…
Gnagnagnaaaa ! Il dit que j’ai qu’à me présenter si je suis si forte... J’peux pô ; j’ai des tendances autocratiques plus ou moins assumées.
Pour conclure, Mini-CEO, ce qu’il faut retenir c’est que la dissolution de l’Assemblée nationale, c'est un peu comme quand on joue au Scrabble et que tu râles parce que tes lettres sont nulles : tu vides tout et comme tu recommences sans prendre de points, tu boudes et croises les doigts pour que les autres se vautrent. Bah là, c’est pareil.
Ensuite, les élections. Les élections, c’est comme une grande course où tous ceux qui veulent faire partie de l’équipe « Pouvoir législatif » doivent convaincre tous les autres (Papa, Maman, les Mamies, les Papis, les oncles, les tantes et les copains) de les choisir pour écrire et voter les lois.
Tu verras, dans les jours qui viennent, ils vont faire de longs discours, dire que seul compte le bien commun et faire beaucoup de promesses (parfois un peu exagérées, comme quand tu dis que tu rangeras ta chambre tous les jours si on t'achète la dernière moto Ninjago Ice de Zane) et ils espèreront que nous serons suffisamment demeur... pardon, que nous serons séduits par leurs programmes et voterons pour eux. Comme ça, ils pourront retourner au Palais Bourbon où paraît-il, la cantine est bonne. Et…
Correctif suite aux gros yeux de Charmant CEO : « les députés représentant la société françaiseuuu dans son ensembleuuu, il y a autant de gens bien et de gens moins bien que dans la société françaiseuuu dans son ensembleuuu ».
Voilà.