Rêve ou mensonge ?

Je vous en parlais l’année dernière, Saint Nicolas, N-1 du Père Noël, vient récupérer la liste des enfants sages. Il opère de nuit, monté sur son âne nyctalope et laisse une douceur en chocolat.

Cette tradition fait le bonheur de Mini CEO qui, les yeux brillants, s’accroche fermement à la magie de Noël. Jusque-là, rien n’était venu troubler la sérénité de ce rêve délicat.

Mais depuis quelques jours, trône devant l’école, une belle boîte aux lettres du Père Noël rouge. « Vous me cassez mes plans, les gars, là ! » ai-je sifflé entre mes dents. Je vais raconter quoi, moi, à Mini CEO quand il va la voir ?

16 h 28 : j’ai 2 minutes montre en main pour trouver une histoire qui tienne à peu près la route.

Cette anecdote me ramène à ce sujet brûlant qui enflamme les cafés du commerce sociaux en cette période de fêtes : faut-il laisser son enfant croire au Père Noël ?

Deux camps s’affrontent.

Dans le premier, les vertueux, ceux pour qui leur faire croire au Père Noël, c’est leur mentir. Et leur mentir, c’est ignoble.

En face, les fondus de Noël, ceux qui déploient leur faux sapin dès la mi-novembre et avale des kilomètres de romance de Noël, affublés de leur plus beau pull rouge à tête de renne.

Pour ma part, la magie de Noël commence avec la Saint Nicolas. Cette fête sonne le point de départ des sablés à la cannelle, des sapins enguirlandés et des mélodies de Casse-noisette. J’aime cette bulle éphémère où le quotidien se pare de douceur, où la lumière tamisée des guirlandes lumineuses réchauffe nos petits cœurs gelés. Une bulle fragile, certes, mais précieuse, où l’on se sent un peu comme dans un conte de fées.

J’ai donc beaucoup de mal à entendre les arguments des adeptes d’une vérité crue et violente. Quitte à leur dire uniquement la vérité, allons-y gaiement ! Imposons-leur dès la petite section de maternelle, toute la brutalité du monde !

La guerre. Oui c’est moche, la guerre ! Mais la vérité, c’est que l’Homme est conditionné pour buter son prochain. Pas pour l’aimer. Ah bah si ! Allez voir le rayon armurerie d’un magasin de jouets ! Déjà, je n’en comprends pas le principe… Une poupée d’un côté, un fusil factice de l’autre. Pourquoi jouer à la paix quand on peut s’entraîner à se dézinguer entre copains ?

L’environnement. La vérité, c’est que l’Homme est tout aussi conditionné pour buter sa planète. Ah bah si ! Surconsommation, gaspillage, pollution, espèces en voie de disparition… Fait pas bon être une abeille depuis quelque temps !

La mort. Sujet savoureux ! Allez-y, dites-leur : on meurt tous. Papa, maman, papi, mamie, et même eux, un jour, peut-être même demain. Le camion qui arrive en face, le taré sur le trottoir d’en face… Je vous souhaite de douces nuits apaisées après ça.

Quoi d’autre… Oh ! La méritocratie, belle fable que voilà !  On leur dit ou pas qu’il ne suffit pas - juste - de travailler dur et d’être poli pour réussir ? Que tout ça n’est qu’une question de naissance, de piston ou de petits arrangements avec l’éthique et la morale ? La vie est injuste par essence. Certains enfants n’auront rien sous le sapin ou peut-être des baffes en guise de papillotes.

Allez, une dernière pour la route. Non, tu ne changeras pas le monde, mon fils ! Parce que les génies qui rêvent d’améliorer le sort de l’Humanité, tout le monde s’en carre le cocotier. En revanche, exterminer d’un simple clic tous ceux qui ne pensent pas comme toi ou être livré avant même d’avoir passé commande, voilà le sens du progrès !

Non, merci. Je choisis la féérie, cette parenthèse enchantée où les rêves prennent le pas sur la réalité. Croire au Père Noël, c’est bien plus qu’une douce illusion : c’est une invitation à cultiver l’imaginaire, ce terrain fertile où poussent les idées, les espoirs et les grandes aventures de demain. Ces histoires qu’ils chérissent enfant leur enseignent, sans qu’on le dise, que rêver ouvre des portes. Et surtout, parce que les enfants, bien plus malins qu’on ne le pense, sauront d’eux-mêmes faire la part des choses en grandissant.

Sinon, pour cette histoire de boîte aux lettres, voici ma version : face à l’augmentation du nombre d’enfants sages, le Père Noël a dû s’organiser pour gérer le courrier parce que Saint Nicolas et son âne, menaçaient de faire grève. L’un parce qu’il voudrait prendre sa retraite par anticipation, l’autre parce qu’il en a ras le pompon des carottes aux pesticides !

C’est passé crème.

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Freestyle !

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