In truffade we trust !
Ce matin, j’avais envie de vous parler de truffade et de tartiflette. Parce qu’après plus de quatre ans en Haute-Savoie, je viens seulement de découvrir que la tartiflette a été inventée dans les années 80 pour écouler un surplus de stock de Reblochon.
En gros : tartiflette, grosse arnaque. Et je comptais proposer un vibrant plaidoyer sur l’authenticité et l’honnêteté de la truffade, cette douceur auvergnate. Un truc dans le genre : en Auvergne, on n’a pas toujours de la neige, mais on a du goût ! Ouais, je provoque… Ouais !
Et puis, en parcourant mes messages, une publicité pour un séjour ardéchois dédié à l’écologie féminine et au féminin sacré a détourné mon attention. Il était question de développement d’une éthique féminine et de sororité. Pourquoi avais-je reçu ça ?
Peut-être qu’il était trop tôt et que je n’étais pas assez alerte pour comprendre l’enjeu du bazar. Peut-être sont-ce les fêtes qui approchent. Toujours est-il que je me suis attardée sur cette notion de sororité.
Voilà le topo : la sororité, c’est un beau mot, une noble idée. Sur le papier, oui, c’est admirable ce concept qui désigne la solidarité entre les femmes, êtres sacrés considérant leurs semblables sur un pied d’égalité.
Why not.
Mais bon, dans les faits… Sommes-nous vraiment obligées de considérer chaque femme comme une sœur, juste parce qu’elle est… une femme ?
6 h 10. Mon cerveau reptilien émet des réserves : « Perso, j’en connais qui ne m’inspire pas exactement des envies de communion sacrée… ».
Parce que, oui, on en connaît toutes des « sœurs » qui rendent la sororité, disons… « challengeante ». Il y a celles qui font tout mieux que tout le monde, celles qui pensent qu’elles sont à l’origine de l’Univers, celles qui vous coupent la parole en réunion, celles qui considèrent être les seules à bosser, ou encore celles qui pensent que féminisme rime avec être d’accord sur tout, tout le temps, etc. ( je vous laisse compléter)
Et entre nous, sommes-nous obligées de nous tenir la main sous prétexte qu’on partage les mêmes chromosomes ?
Pas que je sois contre la solidarité féminine, ça n’aurait aucun sens. Mais cette idée que nous serions toutes connectées par un lien mystique, une espèce de Wi-Fi hormonal, me dépasse.
Parce que la vérité, c’est qu’il y a des femmes qu’on adore : nos amies, nos copines, nos collègues de galère ou de fou rire. Mais il y a aussi celles que l’on préfère éviter, tout simplement parce qu’elles sont insupportables (comme n’importe quel être humain insupportable !). Lâchons-nous, c’est vendredi : des ****asses, on en connaît toutes ! Peut-être même sommes-nous, parfois sans le savoir, la ****asse d’une sœur ?
Il y a des nanas pour qui je pourrais faire 900 km à 3 h 00 du matin, avec une bâche et de l’acide dans ma voiture, sans poser la moindre question. Mais il y en a aussi dont le sort m’indiffère au plus haut point. Quoique… tant que la dignité de leur personne humaine n’est pas déniée (enfant de la République, même avec les enquiquineuses).
Alors, si nous appréhendions les choses d’une manière différente et avec un peu plus d’universalisme ? (Bientôt Noël, mon cœur est pur, j’ai le droit).
Et si cette fameuse solidarité prônée par ma publicité ardéchoise était simplement du respect à l’égard d’un autre individu ? Du respect pour les autres femmes, mais aussi pour les hommes ?
7 h 10. J’émerge enfin avec un premier café : impossible pour moi d’avoir l’empathie sélective. J’ai fait mienne la devise de Papa « des cons, y en a partout ». Finalement, ce qui compte, c’est d’être vraie, d’avoir le droit de dire : « Toi, je t’aime. Toi, tu me fais rire. Toi, on n’a rien à se dire, mais bonne route. Toi… Je vais me taire. » Et pour le reste, être là quand quelqu’un, homme ou femme, tombe et a besoin qu’on le relève.
Moralité : sous bien des aspects, le concept de sororité me semble relever de la même ficelle marketing que la tartiflette.
Sur ce, mes chères sœurs, je supprime ce mail et je vous embrasse (ou pas, selon votre niveau de coolitude et d’autodérision).
Bon week-end ! 💁♀️