Se méfier des piafs, toujours !

Illustration dramatique d'un corbeau noir perché sur une branche devant une maison bretonne sombre et isolée, éclairée de l'intérieur sous un ciel orageux et menaçant

Bien que nous ne soyons pas encore à l’époque d’Halloween, laissez-moi vous conter la terrible histoire du Corbeau de la Lande.

C’était une fin de journée chaude, un début de soirée suffocant comme on n’en connaît  que rarement dans cette partie du Trégor. La journée avait été accablante et l’air de la mer avait eu bien du mal à rafraîchir les nombreux vacanciers qui se pressaient sur les plages. Heureusement, le ciel s’était assombri  désormais ; l’orage menaçait. Le vent sifflait entre les arbres, faisant craquer les branches et cogner les volets contre les murs de la vieille maison bretonne. À l’intérieur, la femme, seule, savoura cette fraîcheur soudaine et la promesse d’une pluie attendue comme un soulagement.

Sans hésiter, elle ouvrit grand les fenêtres, laissant entrer la brise salvatrice. Harassée après une longue journée de travail, elle décida de s’offrir un moment de détente. Elle entra dans la salle de bain, alluma quelques bougies et se glissa sous la douche. L’eau tiède qui ruisselait sur sa peau l’aidait à oublier l’agitation du monde extérieur.

Tout à coup, un éclair zébra le ciel. Un coup de tonnerre éclata, d’une violence inouïe. Et la maison fut plongée dans le noir. Elle sursauta. Ses mains tremblantes cherchèrent en vain un appui. Les volets cognèrent plus fort, comme s’ils voulaient se libérer de leurs gonds. Le vent hurlait à travers la maison et une pluie grasse et lourde se mit à tomber dans un fracas assourdissant.

Ça l’avait frôlé. Elle le sentit. Quelque chose s’était introduit dans la maison. Quelque chose qui n’avait rien d’humain ; comme un battement d’ailes au-dessus de sa tête, un souffle sinistre. Terrifiée, elle fouilla l’obscurité, attrapa son peignoir et sortit précipitamment de la salle de bain.

Le cœur battant , elle avança prudemment dans l’obscurité, tentant de deviner d’où venait cette présence inquiétante. Tandis qu’elle se rapprochait de la cuisine, les battements d’ailes se faisaient de plus en plus proches, de plus en plus menaçants.

Enfin, elle l’aperçut. Perché sur le haut d’une chaise, un corbeau aux ailes noires comme du charbon la fixait de ses yeux perçants, semblant analyser chacun de ses mouvements. Elle soupira ; ce n’était qu’un oiseau ! et tenta de chasser l’intrus. Mais celui-ci ne bougeait pas d’une griffe. Tout à coup, il ouvrit grand ses ailes, libérant un cri strident qui résonna dans toute la maison et se précipita sur elle avec ses griffes acérées.

Elle poussa un cri de terreur, tenta de se protéger, renversant au passage un vase qui se brisa en mille morceaux.

Lorsque le facteur arriva au matin, toutes les fenêtres étaient ouvertes et, dans le silence pesant de la lande, seul le battement régulier des volets contre les murs se faisait entendre. Il sonna, appela en vain.

Posé sur le rebord de la fenêtre, un corbeau aux ailes noires comme du charbon le fixait de ses yeux jaunes. Un frisson glacé parcouru l’échine du facteur qui, courageux, jeta un œil par la fenêtre. Ce qu’il vit lui souleva le cœur. Il recula vers sa vers camionnette et décampa. Le corbeau s’envola à sa suite, ne laissant derrière lui que la lande silencieuse et l’effroi gravé sur le visage déjà bleu de la malheureuse.  

Bon, rassurez-vous, tout ceci n’est bien sûr que pure fiction ! Si vous voulez rire, voici la véritable histoire qui est beaucoup plus… enfin moins… enfin, je vous laisse juge.

C’était un jeudi de printemps annécien. L’après-midi commençait à peine quand j’entendis un « piu-piu » qui glaça mon sang de quarantenaire ornithophobe. Paniquée, je trouvais le courage de prendre mon téléphone portable, sortais de la maison et suppliais Charmant CEO d’interrompre sa réunion avec un fournisseur pour venir me sauver des griffes de ce volatile emplumé et sans aucun doute sanguinaire.

Bon, l’était pas « jouasse-jouasse » mais tel le Chevalier blanc, il enfourcha son scooter pour venir à ma rescousse. Il fit le tour des pièces, cherchant et cherchant encore l’oiseau de malheur. Il fallait que je me rende à l’évidence ; il n’y avait pas d’oiseau dans cette baraque ! Il descendait les escaliers et empoignait son casque quand un nouveau « piu-piu » retentit. Entre deux sanglots, je lui faisait remarquer que ce « piu-piu » était bien la preuve qu’un piaf était caché quelque part !  

C’est alors que Charmant CEO releva la tête et l’aperçu ; « Chou, il serait temps de changer la pile du détecteur de fumée. Il fait « piu-piu », elle doit être morte… Bon, j’y retourne ».  

Je crois que, sur ce coup-là, j’ai grillé une grosse cartouche.  

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