Horreur ! Malheur !
Il a y quelques jours, alors que la pluie tombait comme à Gravelotte, j’étais dans un couloir, assise sur une triste chaise en plastique marron, face à une porte derrière laquelle Mini-CEO commençait son cours de guitare. J’avais devant moi une fenêtre de 25 à 30 minutes à occuper à ma guise. Je sortis donc mon livre. J’emmène toujours un livre. En ce moment, je suis sur la vie de Marie-Thérèse d’Autriche par Elisabeth Badinter que je n’ai pas eu le temps de lire cet été, trop occupée que j’étais à faire des ronds dans l’eau et des châteaux de sable.
Je commençais une page consacrée à son mariage avec le duc François-Etienne de Lorraine, son cousin issu de germain, quand tout à coup, mon téléphone vibra. Comme tout bon zombie numérique de ce siècle, je jetai un œil rapide à cette notification. La rubrique Test & Culture du magazine Elle me proposait le test suivant : « Combien de temps survivriez-vous dans un film d’horreur ? ».
M’en veux pas Marie-Thérèse, mais ta grandeur ne fait pas le poids face à un tel sujet de fond ! Je rangeai mon livre dare-dare et commençai ce test essentiel à la compréhension de mon psychisme. Le contexte s’y prêtait à merveille puisque j’avais présentement à ma gauche, un apprenti violoniste qui égorgeait un chat avec sa corde mi et un hautboïste à ma droite, qui aurait été avisé de jouer du triangle. Autant dire qu’à côté, la bande originale de Poltergeist, sonnait comme une jolie petite musique de nuit.
Mais revenons à nos moutons…
Je ne comprends pas le plaisir que l’on peut éprouver à regarder un film d’horreur. Se payer des angoisses, les fesses enfoncées dans un canapé en boulottant du pop-corn me dépasse sincèrement ; le monde est suffisamment moche et plein de tarés ! Autant rire ou s’instruire. Oui, une soirée devant L’exorciste a autant de saveur qu’un sandwich SNCF avalé sur le quai de la gare de Nevers en plein automne. Se faire peur ? Pourquoi ? Mais bon, je l’admets, sociabilité oblige, il m’est arrivé par trois fois dans ma longue vie de mettre en péril ma santé mentale pour faire plaisir aux amies (ouais, c’est décidé, dans cette chronique, je dénonce, je balance, j’accuse ! ) :
1/ Le silence des agneaux de Jonathan Demme : vu dans un car qui emportait ma classe de 4ème à Barcelone. Peu d’effet je dois avouer, rapport à la faible probabilité de se faire trucider à 90 Km/h sur une autoroute. Et quand bien même, le bus étant plein, il aurait vraiment fallu que je manque de bol pour être celle qui se fait dépecer. Quoique, le karma, vous m’direz… Bref.
2/ Vendredi 13 de Sean S. Cunningham : 15 jours d’insomnies parce que les fameuses amies, réunies par un samedi pluvieux dans un salon vichyssois, avaient trouvé plus « cool » de regarder ce machin démoniaque que de faire une partie d’« Atmosfear », jeu dont le nom… bon. Les années 90 quoi… On s’comprend. Et pis la tronche du Seigneur des clefs… L’était pas sain d’esprit le gonz, quand même, hein !
3/ Scream de Kevin Williamson et Wes Craven, jeunes adultes désœuvrés un vendredi soir, une pote inspirée et Charmant CEO proposent de commander des pizzas et de regarder ce navet. Je prétexte un cours de droit commercial à préparer pour tenter de me défiler. Qu’à cela ne tienne, ma pote me prête son ordi, « surtout, reste ! » Tu penses… Je fais tout pour ne pas regarder et me plonger dans mon Dalloz mais rien n’y fait, je suis irrésistiblement attirée par les cris et la musique angoissante (j’ai pas dit que j’avais inventé le fil à couper le beurre !). Intérieurement, je tente de relativiser ; ce nanard est tellement cousu de fil blanc ! Je me gausse mais hors de question que Charmant CEO me laisse seule pour satisfaire un besoin naturel lié à une surconsommation de bière, la nuit venue. Et j’ai un paquet d’arguments pour le faire rester ! (Papa-Maman, distinguez bien l’artiste de la personne, mille mercis !)
Tout ça pour dire que bon, les films d’horreur je les ai… en horreur.
De considération en considération, je constate qu’il ne me reste quelques minutes avant la fin du cours du Jimi Hendrix aux chaussettes à imprimé dinosaures lorsque je reçois la réponse : « Si elle a quelques bonnes idées en ce qui concerne sa propre survie [attends, pas folle la guêpe !], Gwendoline aurait malgré tout du mal à survivre jusqu’à la fin du film. Trop imprudente, trop téméraire, ou trop altruiste, elle ferait forcément un faux pas à un moment ou à un autre et tomberait dans les griffes du monstre ».
Ouais, ouais… Sauf si le monstre psychopathe et assoiffé de sang, c’est moi !