Vous avez un (méchant) message 😒
Hier soir, j’ai reçu un message de la plateforme qui gère mon site Internet ; un nouveau commentaire sous ma petite chronique consacrée au sommeil. Je vous raconte…
Intriguée, je me connecte tout en préparant le dîner ; c’est très probablement le mot doux d’un proche. C’est puéril mais je souris. C’est comme recevoir une carte postale à l’heure du tout numérique ; ça fait toujours plaisir ! (avis aux intéressés).
Mais vlatipa que mes yeux s’arrondissent comme deux balles de tennis. Là , sous ce texte ciselé, poignant et mesuré, point de témoignage amical ou d’ode à mon génie créatif, non ! Seulement deux mots. Deux petits mots pas beaux. L’un subodorant que ma consommation de chocolat de Pâques avait outrageusement dépassé la dose recommandée par les nutritionnistes, l’autre me qualifiant abruptement de péripatéticienne.
Quoique flattée d’être ainsi assimilée aux disciples d’Aristote - moi dont le seul entendement philosophique se limite à l’allégorie de la caverne platonicienne -, je ne suis pas très contente. D’une part, en 2024, critiquer le physique d’une inconnue relève de l’intolérance la plus crasse (on avait dit pas le physique et en plus, je n’ai englouti qu’un lapin en chocolat au lait et un peu de friture ), d’autre part, si j’étais la maman de l’auteur dudit compliment, je m’en irais lui tirer les oreilles et aussi – soyons honnête - lui botter le train arrière à coup de rangers !
Je profite de la cuisson de quelques œufs brouillés que je touille encore et encore dans leur bain marie pour réfléchir plus avant à ce petit incident.
J’ai bien du mal à qualifier ce commentaire de « haineux ». Ces deux mots sont bien moches. Point de débat. Mais plus encore que la laideur froide de la juxtaposition de ces deux inélégances sémantiques, c’est l’indigence du champ lexical employé qui me choque le plus, en ce qu’elle traduit un flagrant manque d’ambition.
J’admets que l’on puisse ne pas apprécier mes textes, mon style ou mon humour. Personne n’est parfait après tout. Mais tout de même ! Mon critique d’un soir, toute constructivité mise à part, aurait pu faire montre d’un peu de panache ! Du flamboyant que diable ! Du grandiose ! On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
Hélas, n’est pas Cyrano de Bergerac qui veut et j’ai plutôt l’impression d’être confrontée à un petit monsieur qui ne sait pas cracher plus loin que la pointe de ses chaussures. S’agirait-il d’un débutant ? D’un timide, d’un introverti, d’un pleutre, d’un inhibé complexé ?
Qui pourrait bien être l’auteur d’un tel compliment ? La réponse est évidente : une personne qui a bien du temps à perdre pour surfer jusque sur mon site qui - admettons-le - est plutôt mal référencé. Il faut le vouloir pour le trouver, mon site ! Serait-ce donc quelqu’un que je connais ?
· Un ancien collègue ? M’enfin ! J’étais une collaboratrice patiente et exemplaire, non ?
· Un ancien client ? Aucun pourtant n’a fini en zonzon…
· Une erreur de jeunesse ? Euh… Bubulle, c’est toi ?
· Un ancien étudiant dont j’aurais un jour souligné l’incurie ? Ça existe, ça ?
· Le colonel Moutarde avec un chandelier ?
· Un concurrent de Charmant CEO ? Ce ne serait pas très digne. Cela dit, en ce bas monde entrepreneurial, plus rien ne m’étonne….
Tandis que les toasts grillent (les œufs brouillés, c’est meilleur avec du pain grillé), je pousse un peu plus loin mes pensées…
Après tout, pourquoi accuser un homme ? Les femmes ne sont-elles pas capables de balancer ce genre d’insultes ? Il faut bien vivre avec son temps mais je reste sceptique. (Après, moi, je comprends déjà pas comment une nana peut aimer le foot alors, voyez, on part de loin.)
Mini-CEO descend l’escalier. Il me sourit dans son pyjama bleu marine. Etrange… il est presque 19 h 42, il y a des épinards en sus des toasts et de ma crème d’œufs et pourtant, il n’a pas encore changé d’humeur... Vous aussi, vous ne le trouvez pas net, cet enfant ? Je secoue la tête. Vraiment, je suis tordue !
Plus tard, je consulte mes metrics. Il semblerait que mon spécialiste du langage fleuri réside en région parisienne. Bah ça m’aide pas, ça… Allez, va, je supprime.